L'éternité ici bas [libre]

La jeune femme venait de sortir de sa cellule, elle fixait le plafond. Qui avait-il de passionnant là-haut? Rien du tout... Mais en face d'elle non plus, alors il fallait bien qu'elle regarde quelque part, pour se persuader qu'elle était toujours en vie. Dans le couloir qui menait au foyer, il n'y avait pas grand monde, pour ne pas dire personne. Ses pas lents résonnaient sur le sol glacé, apportant un côté lugubre au lieu déjà austère. Il ne pouvait en être autrement pour une prison de tout façon. Les cheveux de l'Atia balayait l'air dans son dos à chaque pas, coulant comme de longues tiges souples.

La jeune fille arriva bientôt dans la salle où se retrouvait les détenus pour quelques moments de répit. Elle se stoppa au niveau de la porte pour balayer la salle du regard, il y avait pas mal de monde. Elle lâcha un soupir pour se donner du courage et reprit sa marche en fixant le plafond. Elle ne se sentait jamais en sécurité dans cette grande pièce, ni nul part ailleurs dans la prison d'ailleurs. Elle craignait aussi bien les gardiens que les détenus, même si elle savait qu'elle avait elle aussi fait beaucoup de mal autour d'elle, dans ce lieu, elle se sentait aussi pur qu'un bourgeons tout juste éclos. C'était assez particulier comme sensation, un mouton au milieu d'une meute de loups devait ressentir à peu près la même chose à vrai dire.
Mais malgré sa peur, l'Atia à la chevelure ténébreuse refusait de se laisser démonter et affichait un air calme, bien qu'un peu fou. cela suffisait la plupart du temps à éviter que les autres ne viennent lui chercher des noises. Dommage que cela ne marchait pas à tout les coups.

Tête en l'air, Erydrin ne vit pas que quelqu'un passait devant elle et la percuta de plein fouet. Elle laissa échapper un petit cri de surprise et se retrouva les fesses par terre, mains sur le sol froid. Elle réprima l'envie de lâcher une plainte dans le genre "Ca fait mal..." et releva les yeux vers la personne dans laquelle elle avait butté. Dans sa peur dissimulée, elle en oublia les rires et sourires mauvais qui s'élevaient autour d'elle.

- Désolée, lança-t-elle durement.

Aujourd'hui, Titanne avait enfin décidée de se changer les idées et de sortir de sa cellule dont elle commençait à connaître chaque défaut pas cœur. Pour une première sortie hors de la cellule ou de la cafétéria, elle décida d'essayer le foyer. Surement un endroit avec plein de monde, du bruit et des injures mais de toute façon, il fallait qu'elle s'y fasse.

Elle se dirigea donc vers le vacarme et une fois dans la pièce, s'assit dans un coin. Après une demi-heure à se faire observer avec curiosité par les détenus et à regarder les gens passer et repasser, elle se releva et marcha dans la pièce sans véritable but. Plusieurs personnes essayaient de lui adresser la parole mais aucune réponse ne franchissait les lèvres de l'atia.

Au moment où cette dernière se préparait à repartir dans sa cellule, elle vit une femme aux cheveux sombre et a la peau légèrement halé marcher d'un pas lent vers dans sa direction le regard vriller sur le plafond. Elle était de corpulence très fine et l’on pouvait penser que moindre battement d’ailes d’un oiseau près de sa personne aurait pus la faire tomber.

La fille semblait dans ses rêves et au moment où Titanne allait se pousser pour la laisser passer, « la grande perche » (elle devait faire plus de vingt centimètre de plus que l’atia) la percuta de plein fouet. Titanne entendit alors des rires fuser de toute la salle et un; désolée " gêné de la personne à terre. C'est alors que notre atia aqua fit son premier signe qui pourrait passer pour un geste de sociabilité : elle aida la personne à terre à se relever puis lui demanda si tout allais bien.




[ désolé c'est pas super long mais j'espère que ça te conviens ]

La jeune femme crut tout d'abord qu'elle allait prendre une raclée pour avoir percuté quelqu'un, les prisonniers étant loin d'être des enfants de coeur. Elle fut agréablement surprise de constater que non, aucune agressivité envers elle, loin de là. Réprimant un soupire de soulagement, elle laissa l'autre femme l'aider à se relever puis la détailla de son regard de ténèbres. Ce regard pouvait être gênant pour les personnes n'aimant pas être passées au scanner par quelqu'un d'autre mais il n'y avait aucune méchanceté dans l'attitude d'Erydrin, qui se contentait d'observer la jeune femme.

Cette dernière était très belle et habillée presque noblement. A se demander ce qu'elle faisait là... Ses longs cheveux à la couleur si particulière attirèrent comme un aimant le regard de la Terra. Mais se furent les yeux océan de la jeune femme qui pétrifièrent Erydrin, éblouie par un bleu si intense. Toute cette eau contenu dans un regard si triste lui donnait envie de pleurer. Ce qu'elle ne se priva pas de faire, laissant quelques larmes couler le long de ses joues fines, traçant un sillon brillant sur sa peau. Ne cherchant même pas à les sécher, la demoiselle resta bloquée quelques instants devant sa congénère Atia, oubliant de lui répondre.

- Ca va, j'ai juste mal aux fesses. Le sol est trop dur et trop froid pour moi. Je déteste les pavés. C'est laid et douloureux, offrit-elle comme réponse, sur un ton bien différent de sa précédente réplique.

Elle se reprit un peu après et tira un peu sur son pull rayé et tout délavé sans aucune forme, bien trop grand pour elle. Il s'agissait de celui de son frère aîné, seul souvenir qu'elle avait de lui. Puis, elle proposa à sa nouvelle connaissance d'aller s'installer un peu plus loin pour ne pas attirer plus l'attention. Malgré son calme, la jeune femme avait toujours peur, peur des moqueries et des coups, une peur presque paranoïaque. Et puis, mine de rien, depuis qu'elle était là, elle n'avait noué aucun lien avec qui que ce fut, ne jugeant personne digne de confiance. Cette femme aux yeux envoûtant semblait plus censée que les autres. Si Erydrin devait commencer à se familiariser et tenir compagnie à quelqu'un, la femme aux cheveux bleus semblait pour le moment la plus apte à cela.

La Terra se pencha et posa une main sur le pavé froid, grimaçant comme si elle était brûlée par cette froideur désagréable. Bientôt, entre ses doigts s'éleva une petite fleur, une violette qu'elle décrocha du sol pour la tendre à sa congénère, sans ajouter aucune parole, la pressant simplement du regard d'accepter son présent.

Après avoir aidé la jeune femme à se relever, Titanne se rendit compte que celle-ci l'observait ou plutôt la détaillait sous tout les angles. Cela ne gêna même pas l'atia qui s'était habituée a cela depuis sa plus jeune enfance, quand tous les jeunes autours d'elle la fixaient comme si elle était une extraterrestre. Pourtant à part ces yeux d'un bleu profond et ses cheveux couleur océan, elle était comme les autres enfants de son âge.

Quelque secondes plus tard, la jeune femme devant elle versa quelques larmes après avoir longuement regardé les yeux de l'atia. Elle mit cela sur le compte de sa chute brutal et des pavés froids mais elles étaient apparut après qu'elle l'ai observée et non après sa chute, mais Titanne ne releva pas.

La jeune femme inconnue lui proposa d'aller s'assoir plus loin pour ne plus attirer les regards, ce à quoi l'atia répondit à l'affirmative. Pendant le court trajet elle observa la personne à côté d'elle, son calme apparent mais les regards furtifs qu'elle lançais parfois, comme si elle avait peur, mais peur de quoi? Il y avait des gardes partout dans cette prison plus les piqures quotidiennes pour pomper l'énergie des détenus. Alors on ne craignait rien, du moins pas grand chose. Elle ne semblait pas à l'aise, avec un t-shirt trop grand pour elle et qui lui cachait toutes ses formes, et donc ne la mettait pas en valeur. Pourtant elle était belle, avec ses longs cheveux noirs et ses yeux sombres comme le crépuscule.

Une fois dans une partie isolée du foyer, la jeune femme posa la main au sol et fit pousser une jolie fleur violette, comme un géranium. C'était surement une atia terra se dit Titanne ce qui expliquerait sa grande taille. L'atia terra tendis la fleur à Titanne, sans dire un mot, juste en la regardant. Notre atia aqua, émue, accepta et la remercia avec un sourire.

" Au fait, je ne connais même pas ton nom. Si cela t'interesse, je m'appelle Titanne. " Dit elle à son interlocutrice.

La jeune femme se redressa après avoir donné la petite violette à sa congénère. Elle avisa un fauteuil plus ou moins confortable et s'y laissa tomber mollement. Repliant les jambes et les entourant de ses bras, la jeune Atia posa son menton sur ses genoux, son jean plus ajusté que le pull était noir. Erydrin remarqua le sourire de la jeune femme aux cheveux à la couleur étrange. Il y avait longtemps qu'elle n'avait reçu cette petite marque de joie sincère. Ici, les sourires étaient plutôt narquois, mauvais ou encore mesquins mais jamais sincère comme celui-ci. Cela faisait chaud au coeur.

La jeune femme aux yeux océan souleva un point judicieux. Les deux Atia ne s'étaient pas présentés. Elle lui révéla son nom, Titanne. Ce nom était étrange, la jeune femme ne l'avait jamais entendu auparavant mais elle ne pouvait nier qu'il était gracieux. Il lui fit penser aux tritons en fait. Amusée, elle ferma les yeux puis les rouvrit pour les planter dans ceux de Titanne.

~ Moi je m'appelle Erydrin. Erydrin de Cristal mais mon nom de famille n'a pas d'importance, n'est-ce pas? Tout comme mon existence d'ailleurs.

La jeune femme haussa les épaules après ses paroles. Elle grimaça à ce geste qui réveillait la douleur à son bras. Douleur due à la piqure qu'ils recevaient chaque jour pour limiter leurs pouvoirs. Erydrin supportait très mal ce produit qui lui déchirait les muscles à chaque injection. Elle ne savait pas si elle était la seule à souffrir quand on lui injectait le produit limitant ses dons mais elle n'avait jamais vu quelqu'un se plaindre, elle n'osait donc pas avouer cette douleur aux autres.

~ Les piqures, elles te font mal à toi? s'informa-t-elle auprès de Titanne.

Erydrin de Cristal. Un nom étonnant mais qui allait bien avec le personnage. Un nom qui faisait penser aux pays du Nord avec les grandes plaines recouvertes de neige. Un nom qui faisait penser aussi au son de la goutte qui tombe dans une grotte. Le nom n'était pas important, dans cette prison en tout cas, c'était vrai. Mais en dehors, pour se démarquer des autres, le prénom ne suffisait pas parfois. Il était inutile que Titanne lui révèle son nom vu les circonstances de leur rencontres ou plutôt le lieu de leur rencontre. Pourquoi disait-elle que son existence était sans importance? Qu'avait elle fait de mal ou justement que n'avait elle pas fait? Deux questions à laisser en suspend pour l'instant, vu que les deux personnes ne se connaissaient pas assez pour des questions plutôt délicates.

Suite a ses propos, la jeune femme aux cheveux sombres eut une réaction assez inattendue, elle haussa les épaules (geste d’impuissance) puis fit une grimace, suivie d'une question : est-ce que les piqures lui faisaient mal ? Effectivement c'était pas une partie de plaisirs mais il fallait passer par là, alors au moment venu on serrait les dents et puis cela passait, ou ne passait pas. Dans le mauvais cas, des bleus restaient mais ce n'était pas pour autant que l'on avait la pitié des gardes ... Alors pour répondre à sa question, elle dit :" Parfois oui, mais il fait malheureusement faire avec... Elles te font si mal que ça, ces piqures ? "
Si elle avait des bleues, ils devaient surement être cachés dans son pull trop grand pour elle. D'ailleurs avait-il une signification pour elle ce pull, car certes il devait être agréable a porter mais il ne la mettait pas en valeur.

Après ces quelques réflexions silencieuses, Titanne demanda :" Cela fait longtemps que tu es là ? Je ne t'avais jamais vu avant, ou alors je n'ai pas fait attention. "